Saviniens célèbres

Découvrez ces Saviniens qui ont fait l'Histoire.

Chateaubriand (1768-1848)

François-René de Chateaubriand naît à Saint-Malo en 1768. Il commence à écrire en 1789 et rencontre son premier succès littéraire en 1801 avec Atala. Le 22 mai 1801, il s’installe à Savigny-sur-Orge avec sa maîtresse Pauline de Beaumont. Elle y a loué pour quelques semaines de villégiature le domaine de Courte-rente, situé sur une partie de la Grande rue (aujourd’hui rue Chateaubriand). Chateaubriand compte sur la tranquillité du lieu pour parfaire son « Génie du Christianisme » qu’il a commencé à écrire en 1799. Ils y passeront sept mois. Chateaubriand décrit la maison dans ses Mémoires d’Outre-tombe : située à « l’entrée du village, du côté de Paris, près d’un vieux grand chemin qu’on appelle dans le pays, le chemin de Henri IV ; elle était adossée à un coteau de vignes et avait en face le parc de Savigny terminé par un rideau de bois et traversé par la rivière d’Orge. Sur la gauche s’étendait la plaine de Viry jusqu’aux fontaines de Juvisy. Tout autour de ce pays, on trouve des vallées où nous allions le soir à la découverte de quelques promenades nouvelles… ». Il ne reste rien aujourd’hui à Savigny du passage de Chateaubriand. Le logis principal du domaine a été démoli en 1904. La seule trace qui subsiste du domaine est le portail de la propriété, déplacé, qui marque désormais l’entrée principale du lycée Monge.

Blanche Soyer dite Baronne Staffe (1843-1911)

Née le 7 février 1843 dans une famille de militaires, Blanche Soyer est élevée par ses tantes, Elodie et Irma Fenaux, toutes deux célibataires et de mœurs rigides, installées à Morsang-sur-Orge puis à Savigny-sur-Orge. Élevée de façon austère, Blanche a hérité de “principes” mais les trouve un peu désuets. A l’époque, le manuel des belles manières en usage date du XVIIIe siècle. Elle décide d’exposer un savoir-vivre plus moderne et publie sous le nom de « Baronne Staffe », Staffe étant le nom de jeune fille de sa grand-mère. Elle écrit rapidement et abondamment une série d’ouvrages qui décrivent la plupart des circonstances de la vie sur le plan personnel ou vis-à-vis des autres dans la société. Le plus connu, Usages du monde, règles du savoir-vivre dans la société moderne, best-seller en 1900, sera même encore réédité en 2007. Vers 1899, la baronne Staffe fait construire, avec les revenus que lui procurent ses droits d’auteur, la « Villa Aimée » au 4 avenue de la gare (devenue avenue Charles de Gaulle), où elle vivra avec ses tantes.

La baronne Staffe en famille

Louis Ducos du Hauron (1837-1920)

Louis Ducos du Hauron, de son vrai nom Louis Arthur Montalembert Ducos, naît en Gironde en 1837. Il est le deuxième enfant d’une fratrie de trois. Très doué, il excelle dans les matières scientifiques mais montre également de réelles prédispositions pour la peinture et la musique. Il s’intéresse à la photographie que Daguerre vient d’inventer, et à la reproduction des couleurs. Dès 1868, il comprend qu’en superposant 3 épreuves monochromes, il obtient une image colorée. En 1877, il participe à l’exposition universelle de Paris. Il continue ses travaux et est décoré de la légion d’honneur en 1900. Travailleur infatigable, il déposera nombre de brevets et vulgarisera ses travaux. Il a vécu à Savigny de 1902 à 1914 avec son frère et la famille de celui-ci au 14 de la rue des Rossays. Le 28 janvier 1951, à l’instigation du Syndicat d’initiative de la Ville et en présence des élus municipaux, une plaque commémorative est déposée sur sa maison.

Jean Alexis Duparchy (1835-1907)

Jean Alexis Dauphin Duparchy naît le 12 mars 1835 à Alièze (Jura) d’une famille de modestes propriétaires cultivateurs qui lui donne une solide instruction. Il monte à Paris où il occupe un emploi de secrétaire d’avocat tout en suivant des cours d’ingénieur. En 1862, il travaille à la Compagnie des chemins de fer du Nord, puis en 1865, rejoint les équipes de maîtrise d’œuvre de Ferdinand de Lesseps à la Compagnie universelle du canal maritime de Suez. Il passe ainsi quatre années sur un chantier gigantesque utilisant des techniques de pointe. Après la guerre de 1870, sa carrière d’entrepreneur ne cesse de se développer. Il participe, toujours en collaboration avec d’autres entreprises, à des travaux de plus en plus prestigieux. Dans le domaine des chemins de fer, il se place parmi les grands constructeurs du 19ème siècle avec la réalisation des chemins de fer d’Éthiopie, de la province de Beïra Alta au Portugal où il collabore avec Bartissol et Eiffel, de Russie et de Roumanie. Il entre également dans le cercle des grandes entreprises de travaux maritimes avec le port de Leixôes à Porto (le plus important chantier du Portugal au 19ème siècle) mais aussi des travaux à Constantinople, Addis-Abeba, Porto-Rico, Tunis, Sousse, Sfax et Bizerte en Tunisie, et Talcahuano au Chili. L’œuvre majeure de sa carrière se trouve en Uruguay où, en 1901, il participe, en groupement avec d’autres entreprises françaises, à la construction du port de Montevideo dont il ne verra malheureusement pas l’achèvement en 1910, trois ans après sa mort.

Alexis Duparchy s’installe à Savigny en 1882 lorsqu’il devient propriétaire du domaine comprenant le château, la brasserie et le moulin, cédé par le marquis d’Alta-Viva en compensation de travaux non payés. Il est élu conseiller municipal en 1892. Aussitôt élu maire à l’unanimité moins une voix, il décline cette charge incompatible avec ses occupations professionnelles trop prenantes et qui l’obligent à s’absenter souvent. Il siégera malgré tout au Conseil municipal jusqu’en 1900, date à laquelle, bien que réélu, il démissionne. C’est un homme juste et généreux. Par testament, il offre à la ville de Savigny les terrains “des quinconces”, situés entre la voie ferrée et la Place Davout (à l’époque petite place située devant le château), « pour en faire une place “à perpétuité” sans possibilité de construire autre chose que des kiosques ou des fontaines ». C’est donc à la générosité d’Alexis Duparchy que les Saviniens doivent le bel espace public qu’est l’actuelle place Davout. Il décède le 2 octobre 1907 à Savigny, et est enterré dans une chapelle du cimetière de la Martinière.

Plan des Terres de Savigny par Duparchy

Jean-Baptiste Launay (1768-1827)

Né à Avranches en 1768, il se destine à la prêtrise mais change de vocation avec la Révolution. Il étudie alors avec passion les sciences mécaniques. Appelé sous les drapeaux par la conscription obligatoire, il monte rapidement en grade. Devenu officier d’artillerie spécialiste dans la fonte des canons et projectiles, il prend part aux campagnes de la Révolution et du Consulat. Travaillant jusque sur les champs de bataille, il y est gravement blessé. Remarqué et apprécié par Napoléon, celui-ci le nomme Directeur de la fonte des Ponts de Paris et lui confie la réalisation de plusieurs ponts : ponts des Arts, d’Iéna, du Louvre, d’Austerlitz. L’ouvrage le plus prestigieux réalisé par Launay reste la colonne Vendôme, commandée par Napoléon en 1803 en l’honneur de la Grande Armée. Réplique de la colonne Trajane de Rome, faite avec la fonte des canons pris à l’ennemi, elle est inaugurée en 1810. C’est un évènement exceptionnel dans l’histoire de la fonderie de par l’importance du travail et la difficulté d’exécution de cette réalisation. Launay prouve à cette occasion son habileté de fondeur et ses exceptionnelles capacités de technicien. Mais lassé des attaques des détracteurs jaloux, il préfère se retirer laissant à d’autres le soin de réaliser certains de ses projets.

Installé à Savigny-sur-Orge avec sa famille au domaine de Courte-Rente (au 39 de la rue de la Fontaine blanche), il continue d’une autre manière à enrichir l’histoire de la fonderie en rédigeant plusieurs ouvrages sur la technique de la fonte des métaux (citons notamment le Manuel du fondeur sur tous métaux, 1827). Travailleur méticuleux et acharné, il se consacre également à l’invention d’une pompe à incendie et d’une pompe élévatrice d’eau. Il décède à Savigny le 25 août 1827, il est inhumé au cimetière de la Martinière. L’une de ses deux filles épousa l’éditeur parisien Nicolas Roret, la seconde Félix Buzot, maire de Savigny-sur-Orge de 1835 à 1840. Tous deux sont enterrés dans la chapelle familiale à La Martinière.

Caroline Rémy dite Séverine (1855-1929)

Caroline Rémy, dite Séverine, naît à Paris en 1855. Elle se marie à 16 ans pour échapper à sa famille mais cette union ne dure pas. Quelques années plus tard, elle épouse le docteur Guébhard. Elle rencontre Jules Vallès à Bruxelles. C’est un écrivain célèbre, journaliste, héros de la Commune. Cette amitié va transformer sa vie. En 1880, il la prend comme secrétaire et lui apprend le journalisme, l’écriture et lui fait partager ses idées libertaires. En 1883, aidé financièrement par Guébhard, ils relancent Le Cri du peuple, quotidien créé sous la Commune. Elle y publie son premier article sous le pseudonyme de Séverin, qu’elle féminise vite en Séverine.

Séverine n’est pas la première femme à écrire dans un journal. Elle se distingue pourtant en écrivant dans la presse grand public, et non pas dans la presse féminine, et surtout en faisant sa profession à part entière. En 1885, lorsque Jules Vallès décède, elle lui succède en tant que directrice du journal Le Cri du peuple. La même année, elle rencontre le journaliste Georges Poidebard de Labruyère. Proche de ses idées, il va quitter femme et enfants pour partager sa vie. Elle quitte le journal Le Cri du cœur en 1888 et publie dans Le Figaro, L’Humanité… Très engagée politiquement, elle lutte contre les injustices sociales, défend les faibles et s’oppose à toutes les discriminations.

En 1897, elle fonde “La fronde” avec son amie Marguerite Durand. C’est le premier quotidien féministe du monde. Elles vont défendre l’avortement, la mixité à l’école, l’égal accès à toutes les professions, mais aussi le progrès social. Séverine publia plus de 6 000 articles au cours de sa vie. Les archives communales sont riches de manuscrits de Séverine, achetés ou donnés. Cette pionnière du féminisme français a habité, avec Georges Poidebard de Labruyère, à Savigny, où Ils s’installent en 1915, d’abord au 46 rue des Rossays, puis dans une petite maison de la rue Chamberlin, à l’angle de l’avenue Gambetta, et enfin au 5 de la rue Vigier. Georges Poidebard de Labruyère meurt en 1920, il est enterré au cimetière de la Martinière. Séverine quitte la ville en 1922 pour Pierrefonds. Elle y décède en 1929.

Carte de visite de Séverine

Nicolas Roret (1797-1860)

Né dans l’Aube en 1797, Nicolas- Edmé Roret débute à Paris dans la librairie de son beau-frère. Après 1815, il entre dans une des grandes librairies du Palais- Royal où il devient premier commis. Il rêve de s’installer à son compte et surtout il se veut éditeur. Visionnaire, il entreprend de combler une grande lacune : l’inexistence de livres pratiques vulgarisant les sciences et la connaissance des arts et des métiers.  C’est la naissance de “L’encyclopédie Roret”, plus connue sous le nom de “Manuels Roret”. 300 volumes environ, un par sujet, traitant de l’histoire et de la pratique de tous les métiers (y compris sorcier ou garde nationale !). Pour cela, il fait appel à des spécialistes et les plus grands professeurs et scientifiques de l’époque.

Le trait de génie de Roret est de concevoir un format “de poche” : 15cm X 9,5cm, mais sans jamais sacrifier d’information. Chaque ouvrage compile l’ensemble du savoir sur le sujet jusqu’aux moindres détails techniques et est pourvu d’un grand nombre de planches dépliantes illustrées. Le succès populaire de cette encyclopédie à laquelle personne n’avait jamais pensé, est indiscutable et justifié, et se prolongera jusqu’au début de notre siècle. A Savigny, il habitait avec son beau-père, le fondeur Launay, dans les anciennes dépendances du domaine de Courterente. Il est inhumé au cimetière de la Martinière dans la chapelle familiale des Launay.

Baronne Staffe assise
Entrée Chateaubriand - Lycée Monge
Château des Duparchy - place Davout
Cimetière - famille Launay
Plaque du Hauron - inauguration Goujon
Encyclopédie Roret
Portrait Séverine